Guerre de civilisation, par Daniel Bordenave

Publié le par hodie

L’intellectuel organique, celui qui a été formé aux rudiments du marxisme académique, est toujours convaincu que l’affrontement est vertical (classes contre classes) et non horizontal (civilisation contre civilisation). Or la lutte des classes n’explique plus rien, ni en France ni à l’étranger. Dans notre pays, il n’explique pas les rituels saccages et pillages de banlieue, ni les Marseillaise sifflées, ni la burqa ; à l’étranger, il n’éclaire pas les dangers courus par tant de chrétiens en pays musulmans, ni les assassinats de Pim Fortyun et de Théo van Gogh. (On apprend justement, aujourd’hui même, que Geert Wilders, le chef du Parti pour la liberté, vient d’être menacé de mort par un prédicateur du nom de Feiz Muhammad).

Avec sa grille de lecture, l’intellectuel organique frotté de marxisme ne voit même aucun lien entre les exemples que l’on vient d’énumérer, puisque le rapport classe contre classe offusque le principal : l’affrontement horizontal, celui d’une civilisation contre une autre ; ou, pour le dire autrement, la guerre ethnico-culturelle que livre, dans les banlieues françaises ou la bande de Gaza, l’islam conquérant, fanatisé et totalitaire contre l’occident mou, déchristianisé et culpabilisé.

 Il est certes très confortable de voir dans la violence une frustration sociale qui éclate comme une grenade ; il est plus lucide de la décrire comme ce qu’elle est réellement, et comme elle se revendique elle-même. Les émeutes de l’automne 2005 (où l’on peut voir le début officiel de la guerre civile permanente que nous connaissons aujourd’hui, aux portes des grandes villes comme dans les communes les plus reculées), ont été, non la révolte du lumpen, mais l’affirmation hégémonique des musulmans sur certains territoires français.

 Récemment, à Grenoble, un cambrioleur, Karim Boudouda, était abattu par la police. Dans le quartier de la Villeneuve, où vivait cet homme, et où il s’était réfugié avant d’être tué, il y eut une prière au mort récitée par un imam. Elle fut aussitôt suivie par les saccages accoutumés, exaspérants et fous, où furent brûlés des abribus, un tramway, des voitures, et pillés des magasins, – avant qu’un homme ne finisse par sortir une arme de poing et ne vide son chargeur sur les policiers.

Que nous dit l’intellectuel organique frotté de marxisme d’un évènement pareil : que c’est au nom de la solidarité des damnés contre les possédants que l’on s’est battu hier, à Grenoble ? Non, ce n’est pas la lutte des classes qui a armé ces saccageurs (que Le Monde a eu le front d’appeler manifestants), mais bien une guerre de civilisation, sur un fond culturel et religieux. C’est, plus ou moins confusément, mais jamais entièrement confusément, à la France judéo-chrétienne que l’on s’attaque, et non à l’injustice sociale qui aurait frappé Karim Boudouda.

Telle est la leçon que l’intellectuel organique frotté de marxisme devrait retenir des évènements des derniers mois, sinon des dernières années : on ne se bat plus au nom de Marx, mais au nom de Mahomet, après des prières au mort récitées par un imam.


Daniel Bordenave


Publié dans Politique

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